Généalogie en Dauphiné et pays du Guiers

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la soie en Isère et pays du Guiers

Comment la soie est-elle arrivée dans cette partie du Bas-Dauphiné ? Le tissage, notamment le chanvre, a toujours été très présent dans cette partie de l'Isère où s'asseoit notre généalogie dauphinoise et où ont vécu nos ancêtres.

Depuis le cimetière le village de nos sources et de nos racines À partir du dix-neuvième siècle la soie arrive dans nos campagnes. Le façonnage, puis le tissage de ce textile de luxe, quittent Lyon pour des raisons sordides. À Lyon, on passe d'un revenu à part entière à un revenu d'appoint versé à la main d'œuvre. Un bassin de production va ainsi mourir, un autre naître par la force des choses et l'affaiblissement des ouvriers.

La fabrique, la fabrique lyonnaise, redéploie ses métiers à tisser la soie dans le Bas-Dauphiné. Le fabricant engendre un intermédiaire local, le façonnier qui assume la charge d'être à la fois entrepreneur (preneur de risques) et bon technicien. Dans leur sillage une immense constellation ouvrière se crée : féminine, juvénile, sous-payée.

La ville de Bourgoin va progressivement devenir un centre secondaire très important de l'industrie de la soie. Dans les campagnes, des familles entières de notre généalogie tissent, à la fin du 19ème siècle et au début du 20ème siècle.

Il serait stérile de monter une généalogie sans l'innerver de ses déterminants socio-culturels, économiques et historiques. En cela le tissage tient une place à part dans notre généalogie. Il en baigne littéralement tout le 19ème siècle, au point de toucher pratiquement toutes les femmes de notre ascendance, leurs filles et leurs sœurs.

D'autre part son implantation et sa disparition sont prophétiques des conséquences du libéralisme sans frein et des délocalisations. Toute déréglementation laisse derrière elle un champ de ruines. Parce que cette implantation et cette disparition sont le résultat de la seule déréglementation, elles sont aussi prophétiques des sanglants bouleversements sociaux à venir.


Chanvre, lin, tissages utilitaires historiques

Mais d'abord, avant la soie, le tissage utilitaire local, une production immémoriale. Avec la charrerie, le textile est la grande activité technique de transformation présente dans toutes les régions de l'Europe (dans l'antiquité crétoise, les pièces de tissu avaient déjà des dimensions prédéterminées, des groupes d'ateliers produisant dans une dimension précise).

Souvent des dettes. Leur loyauté les loyautés familiales interdisaient qu'ils en laissent Tisser n'est pas propre à notre bassin généalogique du Bas-Dauphiné et des pays du Guiers. En France, plus d'un tiers de ce nous appelons aujourd'hui le Produit Intérieur Brut est lié à l'activité textile. Se vêtir est une nécessité. De longue date, des techniques simples, mais efficaces et ornementales, caractérisent cette industrie de transformation.

On tisse un peu partout le chanvre. Dans notre généalogie nos ancêtres, leurs filles et leurs enfants tissent beaucoup à Corbelin en Bas-Dauphiné. Dans cette généalogie, Rojon est par excellence le patronyme du tissage. Les Rojon et apparentés sont le groupe le plus attaché à l'activité de tissage. Enfin, l'un des ancêtres-pivots d'une branche principale de notre arbre généalogique, les Ravier-Piquet, est un artisan commerçant du chanvre, à Pressins.

Ce constat portant sur les ancêtres de nos arrière grands-parents ne doit rien au hasard. Corbelin des temps anciens était à ce point dédié au tissage que tous nos parents collatéraux y tissent les fibres utilitaires, les Bizollon, les Paviot, les Rojon, etc.

Tout naturellement, dans le canton de Pont-de-Beauvoisin au 19ème siècle, la soie se jettera littéralement sur Corbelin. Les artisans avaient le savoir-faire du tissage, il suffisait de l'adapter à la soie. Le tiers des métiers à tisser à bras seront localisés à Corbelin. La saturation fera même déborder l'activité sur Dolomieu où presque autant de métiers à tisser sont dénombrés chez l'habitant.

Parce que le tissage requiert du temps et de la main d'œuvre, ses produits finis sont des objets chers. Et pas seulement le tissage d'ornementation et de prestige. La toile de ménage, le linge de maison, ont un prix tel que les faire figurer sur un contrat de mariage est habituel. Aujourd'hui on en sourit presque, surtout si ces vêtements, parures et tissus ne sont pas neufs !

En 1681, Jean Huguet marchand du Bugnon (mandement de Faverges-de-la-Tour, paroisse de Chimilin) dote-t-il ainsi sa nièce Jacqueline en objets textiles en vue de son prochain mariage : “un habit de serge violet presque neuf, un autre habit de sergette bleu neuf, quatre jupons de toile de ménage mi-usés, dix-sept chemises mi usées, douze tabliers mi-usés, deux douzaines de mouchoirs de col mi-usés…” etc.


Des canuts au paysan du coin

La soie évoque Lyon, les canuts, une production multiséculaire dans la capitale des Gaules. Les inventions techniques et artistiques autour de la soie se sont faites à Lyon. Le canut est un fabricant, virtuose de son métier à tisser, son bistanclaque.

Toutefois, les négociants richissimes (les gros soyeux) s'entendent pour créer une situation permanente de très bas salaires et de misère, afin d'accroître toujours plus leurs profits. Aussi, comme chacun le sait, au début du 19ème siècle, un cataclysme socio-professionnel secoue le monde du tissage à Lyon.

Les rémunérations (les prix à façon) étant devenues totalement inaptes à faire vivre les familles de chefs d'ateliers et de compagnons, ces derniers élaborent un tarif minimal du travail à façon. Tout au long de l'année 1831, ces canuts manifestent et négocient pour faire ratifier ce tarif, notamment par le préfet.

les répétitions de notre histoire familiale font resurgir les éléments qui influencent notre lignée C'est le temps du célèbre Journal de la Fabrique qui circule de la Croix-Rousse à Vaise. Le tarif minimal semble ratifié par le préfet dans un premier temps. Mais cela n'est qu'une manœuvre de diversion, puisque le capitalisme ne connaît qu'une et une seule réponse à toute forme de revendication sociale, la troupe, le bain de sang, le massacre systématique.

Comme chacun sait, le 21 novembre 1831 à Lyon, la collusion entre les potentats locaux, le gouvernement, le préfet et la troupe donne le signal du massacre. Le préfet fera donc assassiner, ce jour-là, des centaines de canuts, chefs d'ateliers, leurs ouvriers compagnons, leurs épouses. De la Grand'Côte à la Croix-rousse, de Vaise à la Guillotière, dans la monté de Carmélites, c'est la désolation.

Le crime perpétré, le problème reste entier : les salaires n'ont plus le niveau de salaires à part entière. Tout au plus sont-ils du niveau d'un complément de revenu.

Les soyeux, les donneurs d'ordre vont donc se tourner vers des horizons où un faible revenu de base existe déjà, afin que certaines familles pauvres acceptent cette aumône en tant que complément de revenu, poussées par la nécessité. Aujourd'hui le travail des enfants en Asie, imposé par le capitalisme multinational, procède exactement du même mécanisme. C'est ainsi que les métiers à tisser la soie arrivent dans notre Dauphiné.


De Willy Shakespeare à Willi the Beast

Si nous nous rendons au musée de Locronan dans les Côtes d'Armor, les salles du rez-de-chaussée y retracent l'histoire locale du tissage de la toile à voiles.

Nos arrières grands-parents, nos grands-pères et grands-mères ont marché dans ces rues Il fut un temps où suffisamment de façonniers produisaient une toile d'une telle qualité que William Shakespeare, par exemple, pour parler d'une voile en toile excellente la dit en toile de Locronan — William Shakespeare, Coriolan, acte II, scène I. Un nombre suffisant de fabricants équivaut à pouvoir fixer un juste prix, car l'ensemble ne laisse pas l'un quelconque vendre au rabais ni dicter des prix cassés. La réglementation l'emporte sur la lucre.

Puis, de rachat en rachat, de restructuration en restructuration, deux fabricants prirent le monopole et imposèrent leur prix de plus en plus bas aux façonniers. L'esprit de lucre l'emporta alors sur la réglementation. La concentration de richesses donne en outre le pouvoir de faire taire les décideurs politiques locaux par les pots de vin. La déréglementation s'installa.

Les façonniers, pour tenir le coup, furent contraints de réduire la qualité (amoindrissant la densité, choisissant des brins de moindre qualité, etc.). Alors, les clients se mirent à reconsidérer leur approvisionnement, puisque des produits de moindre qualité, ils savaient en trouver partout ailleurs. L'activité disparut.

Nous constatons aujourd'hui le même détournement des lois dans le transport routier. Le transport routier de marchandises est totalement déréglementé en Europe depuis le 1er juillet 1998. Des entreprises peu scrupuleuses délocalisent de façon factice hors CEE les contrats de travail de leurs activités de transport routier. Par analogie avec les “foies jaunes”, les briseurs d'activité, nous les appellerons les “camions jaunes”.

Leurs activités sont pourtant du transport international intra-CEE par lequel l'exécution de la prestation se fait entièrement en CEE. Le plus souvent, c'est même une prestation régulière de grand volume, à l'intérieur des frontières d'un seul et même pays de l'Europe. Les contrats de travail, de façon factice, sont enregistrés dans un pays hors CEE.

Système diabolique, où seul le temps de conduite est à peu près respecté. Car le temps de conduite des chauffeurs est le seul paramètre à pouvoir être à peu près contrôlé par les états où se sont installées ces flottes de transport intérieur à la CEE avec de faux statuts externes.

Pour le reste, les chauffeurs dorment dans le camion des mois entiers sans nuits d'hôtel (ce qui est strictement illégal), sont payés au kilomètre (ce qui est strictement illégal), etc. En l'absence d'harmonisation fiscale et sociale, le coût de la main d'œuvre est artificiellement bas pour de tels francs-tireurs embusqués.

Et se produit inéluctablement “le processus des canuts” ou celui de “la toile à voile”. Parce que les états ont mis le loup dans la bergerie (chaque politicien décideur recevant à titre individuel les pots de vin idoines pour se tenir coi) et que les donneurs d'ordre acceptent de fermer les yeux, ceux qui respectent les règles, les entreprises de transport routier et leurs chauffeurs, sont voués à disparaître, comme disparurent nos anciens façonniers, tisseurs de soie de la Croix-Rousse, les canuts.

contrôles factices Élargissons le propos. Quelle que soit l'activité, seules des dispositions de contrôle dissuasives sont adaptées. Exemple le marquage CE. C'est laisser la porte ouverte à tous les trafics qu'en laisser la gestion aux intéressés. Le marquage CE est déclaratif ! Pour apposer le marquage CE, il suffit qu'un mandataire du fabricant ou de l'importateur, domicilié dans l'un des pays de l'Union Européenne, fasse une déclaration de conformité. Cela ne peut fonctionner qu'avec des contrôles produits aléatoires, exhaustifs, très fréquents, assortis de sanctions très dures, diligentés par les pouvoirs publics, et dont l'intervalle moyen soit très inférieur à la durée de mise en circulation du produit contrôlé.

Ainsi, sur un chantier de démolition de navires, en Asie, votre prothèse mammaire est fabriquée avec le glycol de récupération stocké dans de vieux fûts souillés. Un mandataire est situé en Union Européenne, dans les 20 degrés de longitude Est. Son activité principale est la remise sur le marché de véhicules volés. Mais, il a aussi une activité annexe qu'il fait payer au prix fort, la fausse déclaration de conformité. Il gave déjà le boyard local pour “protéger police nous” au titre de son activité principale. Le coût marginal des pots de vin supplémentaires pour fermer les yeux sur les fausses conformités n'est que quelques follas au sucre candie, que se dispute la meute des sous-fifres quand il daigne les leur jeter à la volée. “Superbe rentabilité de la jungle capitaliste sauvage !” glapirait povcon de la jungle, rufian infecte, piqué par son serpent caché sous un buisson.


Délocalisations et inversion du flux

À Dolomieu, à Corbelin, à Chimilin, la soie fait son entrée comme appoint de revenus, statut logique vu la cause qui a donné naissance à cette délocalisation. Voiron, déjà équipé, accueille ce nouveau textile au 19ème siècle. Bourgoin deviendra ville de négociants, de soyeux.

Les grands donneurs d'ordre se tournent naturellement vers le travail chez l'habitant en mettant en place un système de répartition et de collecte. Ce seront les fameux “chefs de service” (en fait des responsables de secteurs) qui lissent et répartissent la charge du travail délocalisé.

Non pas que l'Isère soit dépourvue d'entreprises textiles prospères. Mais, cela s'adresse aux fibres utilitaires le lin et le chanvre. Les frères Rambeau à Voiron sont installés sur le cours Senozan, une entreprise pérenne.

Mais l'origine économique de la délocalisation de la soie en Dauphiné, et particulièrement en Isère, interdisait que l'on puisse d'emblée créer de petites entreprises de tissage rentables.

Nous assistons donc à une inversion du flux de main d'œuvre, mais pas nécessairement du flux économique. Nos ancêtres de Romagnieu, d'Aoste en Isère, des Abrets ou de Chimilin vont moins converger vers Lyon et ses “fabricants d'étoffes de soie”, mais plus devenir la main d'œuvre des frères Jourdan à Dolomieu, des ateliers-usines de Joseph Charlin et fils qui tissent à Corbelin, ou encore de Michel Bizollon toujours sur la commune de Corbelin dans le canton de Pont-de-Beauvoisin.

Mais, avant d'en arriver là, après d'innombrables échecs dus à la quadrature du cercle économique, ces petits entrepreneurs tisseurs de soie vont devoir créer des structures spécifiques, liées à leurs contraintes et à leur bassin d'emploi, en Voironais ou dans nos Terres Froides du Bas Dauphiné. Ce que nous analysons plus bas.


Quels types d'entreprises pour la soie ?

Analyser comment les façonniers tisseurs de soie répondent à la demande dans une équation économique contrainte permet d’appréhender les relations de pouvoir au sein de la fabrique lyonnaise des soieries, entre les donneurs d’ordres, leurs sous-traitants, les ouvriers soyeux.

Même si l’entreprise est une entité destinée à naître, vivre et mourir, considérer les entreprises façonnières du tissage de la soie dans nos généalogies nous conduit au constat parfaitement logique d'une quantité considérable d’échecs (faillites) qui tous renvoient à l'aberration qui a fait migrer l'activité vers nos terres froides, vers notre Bas-Dauphiné.

Petit commerce de nos arrières grands-parents pour améliorer leur quotidien de cultivateur Si l'on faisait l'impasse sur l'enchaînement historique et chronologique, un tel taux de faillites pour les entreprises façonnières du tissage de la soie en Isère soulèverait des questions oiseuses. Tandis que la nosologie le donne comme conséquence logique, prévisible et inéluctable.

Les entreprises de soieries qui réussissaient à démarrer (voir Bellen ci-dessous) y parvenaient grâce à l'injection de fonds familiaux venus du rapport de la terre. Nous nous trouvons donc devant un amusant paradoxe, une pseudo-solidarité inter-castes, non-voulue mais subie, qui cependant redistribuait, même modestement, la richesse foncière par le biais du tissage de la soie !

Autrement dit, cette redistribution naturelle n'était malheureusement pas le fait d'une intention politique, ni d'une intention humaine généreuse. Et, comble d'ironie, cette redistribution vers les ouvriers et ouvrières en soierie profitait pour un quart à la population iséroise et dauphinoise, et pour les trois quarts enrichissait les riches marchands soyeux lyonnais.

Par exemple, si les ouvriers avaient manifesté publiquement pour demander de plus justes salaires, on aurait fait comme à l'accoutumée. Le groupe ploutocrate aurait sifflé le préfet aux pieds ; le préfet serait venu ramper aux ordres : “valet, élimine cette engeance. Exécution !” Le préfet aurait fait donner ses gens et on aurait retiré de la place quelques centaines des cadavres des ouvriers.

Tandis que voici ce qui s'est réellement passé : les 80-85% de faillites des entreprises de tissage de la soie ont fait migrer ces fonds perdus vers les marchands, les gros soyeux, au motif que ceux-là faisaient des avances de matière première. Et les 15-20% de réussites, conduisent effectivement à un taux d'emploi plus proche du plein emploi et redistribuent, au second degré, mais contraints et forcés, une fraction de la richesse à ceux qui la produisent.

Et d'où viennent-ils les fonds des 85% de faillite ? Eh bien du patrimoine personnel des créateurs desdites entreprises, qui par la dot de l'épouse, qui par les économies de sa mère ou de ses beaux-parents (voir plus bas la capitalisation de l'entreprise de notre cousin Bellen à Chimilin). Et la juste part qui avait été refusée aux ouvriers, pas moyen alors de la soustraire au richissime donneur d'ordre qui la confisque de plein droit ! C'est cela aussi l'absurdité du capitalisme et du libéralisme !


Anne Rojon à Dolomieu, entreprises conventuelles

Le façonnier dauphinois est donc un sous-traitant capacitaire. Il n'est pas mieux traité que son ex-homologue lyonnais. Son donneur d'ordre n'a qu'un leitmotiv — “baisse tes tarifs ou crève”. Rapports précurseurs de ceux de la grande distribution vis à vis de ceux qui produisent de fait.

Dans nos campagnes de l'Isère vont naître des solutions pour tenir quand même, pour maintenir une production. Donnons un exemple concret de ces adaptations dauphinoises, concernant le logement des ouvrières. La constellation ouvrière qui produit est : féminine, juvénile, sous-payée. L'ouvrière en soierie n'aurait pas les moyens financiers de se loger “en ville”. Ainsi vont naître les entreprises-couvents.

Ces entreprises-couvents sont des bâtiments pensés d'emblée pour abriter en un même lieu des surfaces de production et des surfaces de vie. Pour une question de prix du terrain, la répartition est souvent verticale (dortoir à l'étage ou inversement métiers à tisser à l'étage et lieu de vie de plain-pied). La vie y est véritablement conventuelle, avec ses règles très strictes, ses interdictions de visite.

Le modèle et le concept sont du soyeux lyonnais Claude Joseph BONNET (1786-1867), qui créa à Jujurieux ce modèle d’organisation sociale, professionnelle et doctrinale. Il créa sans doute le terme d'usine-couvent.

Ces entreprises-pensionnats ont également la bénédiction du clergé local (même si la république est passée par là) qui y voit un moyen d'y éduquer les femmes au labeur et à la discipline. Les parents quant à eux, y voient plus prosaïquement le moyen pour la jeune fille de gagner un petit argent pour constituer sa dot, sans qu'ils aient à prendre sur leurs réserves.

Mais de jeunes orphelines y trouvaient aussi un lieu de formation, de travail et d'habitation. C'est l'histoire de notre ancêtre directe Anne Françoise ROJON dite Annette. Née à Faverges-de-la-Tour en 1847, Anne Rojon sera orpheline peu avant le début de son adolescence. Anne Rojon deviendra alors ouvrière en soierie dans une usine-pensionnat de Dolomieu, village où elle avait une lointaine cousine.

Qu'elle soit chez les frères Jourdan ou bien dans la seconde fabrique de Chaboud et Bizollon (principalement installés à Corbelin), la stricte discipline conventuelle caractérisait ces usines-pensionnats. Aussi, les jeunes filles y avaient-elles moins l'occasion de sortir, moins l'opportunité de rencontrer un futur époux.

Voilà comment l'histoire sociologique d'Anne Rojon rejoint celle de la conscription au 19ème siècle et se termine par un mariage, relativement tardif selon les critères des ancêtres bas-dauphinois de notre arbre généalogique en Isère.

Au 19ème siècle, longtemps la durée du service militaire fut de sept ans, mais seule une faible fraction de la classe était appelée, par tirage au sort. Et il était légal de se faire remplacer quand on était tiré au sort, à condition de trouver un remplaçant motivé.

C'est pourquoi des caisses-assurances mutualisées avaient été créées. La fraction appelée des conscrits était suffisamment faible pour que mille francs par souscripteur couvrent les sept à dix mille francs qui étaient versés contractuellement au volontaire remplaçant. Les appelés, ou leurs remplaçants dédommagés, se trouvaient donc sous les drapeaux de 20 à 27 ans, ne se retrouvant sur le marché matrimonial qu'à l'âge de 27 ans.

Claude Joseph SERRAZ, né en 1847 à Aoste, charpentier et père d'arrière grand-mère (génération G5), ne se fit pas remplacer, il partit à l'appel. De retour en ses foyers à Aoste, âgé de 27 ans, la plupart des jeunes filles de sa classe d'âge étaient depuis longtemps des mères de famille à Aoste. Aussi se tourna-t-il vers Dolomieu, ses usines-couvents et ses fabriques-pensionnats. Notre natif d'Aoste prit attache avec notre orpheline de Faverges de la Tour, et il épousa Anne Françoise Rojon dite Annette le 29 août 1874 à dix heures du matin, à Dolomieu.


Usine Bellen à Chimilin

L'usine Bellen à Chimilin illustre l'ensemble de ces phénomènes. Notre collatéral François Bellen, né à Chimilin en 1849, d'un couple de cultivateur propriétaire, Louis Bellen et Dominique Girerd-Chambaz, fit ses classes de tisseur à Lyon.

Au jour de son mariage, il résidait 133 rue Cuvier à Lyon. Il se marie avec une collatérale plus proche, Euphroisine Guinet, fille de Laurent André, presseur d'huile. Ce dernier est le petit-fils de Joseph Huguet et de Guilhelme Trillat dite Guillaumette, nos aïeux.

Ce paragraphe sur notre cousin Bellen est en cours de rédaction. Il permettra de préciser les apports et dépens réels pour créer une affaire de tissage de soie. Disons simplement qu'aujourd'hui personne ne risquerait le capital équivalent pour une viabilité si incertaine.

Cette page est destinée à s'accroître encore.

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